Quand une maman peut enfin tenir son bébé dans ses bras, il est âgé de quelques secondes, le mien je l’ai serré dans mes bras il avait 5 mois. Quelqu’un d’autre l’avait fait avant moi pendant 1, 2, 3 jours peut être.
Ce laps de temps qui semble court compte énormément dans la vie de tout être humain. Couper le cordon ombilical ne rompt que le lien physique.
Ma fille et moi croyions sincèrement que notre relation était évidente jusqu’ au jour où elle a appris cette vérité que je pensais taire pour la protéger tant qu’elle était jeune. Ce silence, elle l’a pris pour une trahison. Oui, je l’ai adoptée.
Ce « secret » et tous les mystères qui l’entourent l’ont brisée, je n’étais plus que la mère nourricière, j’ai perdu ma place, elle a rejeté la sienne, elle cherchait ses repères, son cœur saignait. Cette blessure émotionnelle a été tellement profonde qu’il en est résulté un traumatisme relationnel. Pendant près de 20 ans, elle me l’a fait payer, j’aurais aimé tout prendre sur moi, mais elle s’est fait beaucoup de mal aussi. Un jour ou j’avais le moral au plus bas, ma sœur m’a posé une question qui m’a fait réfléchir : « …et si elle était née boiteuse, lui aurais-tu demandé de marcher droit ? » Elle souffrait horriblement.
Il n’y a pas pire torture pour une mère que l’impuissance face à la peine de son enfant. Gloire à Dieu, le temps est le meilleur remède, l’arrivée de sa 2 e fille a refermé la plaie, elle avait besoin de s’identifier à quelqu’un.
Si une mère biologique vit dans l’incertitude au fur et à mesure qu’elle maitrise moins son enfant a fortiori une mère adoptive ! Peu importe à quel âge l’enfant adoptif apprend son statut, sa réaction immédiate ou a posteriori n’est pas prévisible, chacun étant une personnalité à part.
Mots d'espoir
Parents adoptifs armez-vous de patience et d’abnégation, ayez recours aux spécialistes si besoin est, mais surtout et pour rien au monde, ne fermez pas votre cœur à ces bouts de chou au risque de vous priver d’un bonheur incommensurable et du devoir d’aimer.
HOBE KIBONDO est né de notre histoire et de l’envie de partager que la relation de filiation adoptive est jonchée d’embûches, mais qu’elle vaut la peine d’être vécue. Il faut lever le tabou, rechercher les parents biologiques, « les racines » et en cas d’échec faire leur deuil.